Thème : utilisation des espaces de jeu

 

Définition :

L'espace total de jeu est défini par le règlement. Le rugby est un sport collectif de grand terrain (95-100m X 66-68m + embut de 12-22m). Cet espace est orienté par des cibles (embut) à attaquer et à défendre. L'espace est dit "interpénétré" du fait que les joueurs des 2 équipes peuvent se répartir dans cet espace de jeu, aucune partie n'étant réservée ni interdite à une équipe (ceci est à considérer en rapport avec la règle du "hors-jeu").

Cet espace total de jeu est inégalement occupé par les joueurs en fonctions des exigences tactiques de la situation de jeu ; il existera des espaces (parties de l'espace total) où le rapport des forces est plus ou moins favorable.

Utiliser des espaces de jeu, c'est, par l'occupation, le placement, le déplacement et le replacement amener le jeu vers des espaces favorables sur le plan tactique.

 

Importance dans l'APS rugby :

Le rugby est un jeu de gagne terrain où il est nécessaire d'avancer, de conquérir l'espace avant pour accéder à l'embut ou s'approcher des poteaux.

Le règlement contraint l'espace d'échange (avec des joueurs placés en arrière du PB) et l'espace de placement lors des phases de conquête et lors des phases de jeu comprenant un regroupement.

Le règlement replace régulièrement les équipes complètes face à face de part et d'autre d'une ligne de remise en jeu. Le but est alors d'amener le jeu dans un espace partiel dans lequel il existe un déséquilibre numérique favorable :

-          pour l'attaque : idéalement le 1 contre 0 face à la cible.

-          Pour la défense : idéalement PB isolé face à plusieurs défenseurs.

 

Dans le jeu moderne : les qualités de déplacement et replacement dans les organisations défensives conduisent la plupart du temps à des situations de défense en surnombre numérique (en 1er rideau par exemple). Il est alors nécessaire de répéter des phases de "fixation" destinées à perturber l'organisation de replacement défensif jusqu'à provoquer un déséquilibre partiel dans un espace partiel qu'il faudra atteindre et exploiter avant la réorganisation défensive (notion de continuité).

 

Développement du thème :

 

Du point de vue fondamental :

Organisation offensive : La balle peut se déplacer selon les trois axes de l'espace géométrique Axe profond, axe latéral, axe vertical.

Pour faire avancer la balle selon chacun de ces axes de jeu, on utilise des formes de jeu : jeu groupé, jeu déployé, jeu au pied (triple variante fondamentale) correspondant à des intentions spécifiques : respectivement, pénétrer, contourner ou passer par-dessus le rideau défensif. Chacune de ces formes de jeu impose une organisation spatiale des joueurs particulière. Le collectif en attaque devra se distribuer dans l'espace pour pouvoir proposer ces trois formes de jeu et surtout passer de l'une à l'autre au moment opportun.

Organisation défensive : Inversement, en défense, il faut être capable de s'opposer au mouvement proposé par l'attaque dans l'une ou l'autre de ces formes de jeu : s'opposer à une pénétration en jeu groupé, à un mouvement de contournement en JD, en à une récupération de balle dans la profondeur après un jeu au pied. Pour cela, le dispositif défensif s'organise en 3 rideaux ou courants (et une réserve) dans lesquels se répartissent les joueurs en fonction des exigences du mouvement de jeu proposé par l'attaque.

En attaque ou en défense, l'intention prioritaire en terme d'espace est toujours d'aller jouer "au-delà de la ligne d'avantage" (être plus nombreux que l'adversaire à pouvoir jouer "en avançant").

 

Du point de vue de l'organisation géographique sur le terrain :

Les opportunités tactiques offertes par les différents secteurs du terrain diffèrent en fonction de la situation du jeu sur l'axe latéral et sur l'axe profond.

Sur l'axe latéral : chaque phase de conquête, chaque groupement ou chaque point de fixation sur la ligne de front offre pour le temps de jeu suivant 2 espaces latéraux droit et gauche de taille variable (petit côté, grand côté) où peuvent exister ou se créer des déséquilibres numériques. Actuellement, les attaques passent souvent par un point de fixation dans le couloir central, offrant 2 grands côtés d'attaque ("dans le même sens" ou "en renversement").

Sur l'axe profond : la proximité de la ligne de but réduit la profondeur de l'espace profond à défendre et rapproche le 3ème rideau de 1er (jusqu'à les confondre).

 

Réfléchir en termes d'espace/temps :

Un espace n'est libre que tant qu'il n'est pas occupé (?!) de même qu'un surnombre dans un espace n'existe que tant que l'équilibre n'a pas été rétabli (?!?!). Le Pb est moins de voir les espaces libres que d'anticiper, en terme d'espace/temps : l'espace qui sera libre ou l'espace où se situera le déséquilibre numérique au moment où l'on aura porté le jeu dans cet espace, et ce qu'il faut faire pour créer et/ou conserver ce déséquilibre jusque là.

 

Relation avec le PB fondamental :

Le cœur du problème fondamental est posé en termes d'espace de jeu : conquérir l'espace avant tout en échangeant avec des partenaires placés dans l'espace arrière.

C'est ce paradoxe qui organise la construction tactique de même qu'il fonde la modalité perceptive du problème fondamental : prélever des informations à la fois sur le dispositif adverse dans l'espace avant et sur les partenaires dans l'espace arrière.

 

Ressources sollicitées :

Elles découlent directement des deux modalités du problème fondamental précisées précédemment.

La ressource d'ordre cognitif associée à la logique tactique.

Les ressources d'ordre informationnelles liées à l'organisation de l'espace perceptif.

Les ressources d'ordre perceptivo décisionnelles liées à la lecture des placements et déplacements adverses.

 

Compétences liées au thème :

 

Propres au groupe :

Intégrer la notion de cible : Lié à la modalité cognitive du problème fondamental en Rugby : pour avancer le porteur de balle doit porter la balle vers l'avant

Occuper l'espace de jeu de façon équilibrée en attaque et en défense : occuper l'axe profond et la latéralité en fonction du rapport des forces momentané.

 

Spécifiques :

Le porteur de balle doit progresser vers la cible.

Le défenseur doit se mettre «en barrage»

En attaque, il faut opposer le fort au faible : contourner une défense groupée, pénétrer une défense éparpillée, passer par-dessus une défense dense et large.

En défense, il faut opposer le fort au fort : se regrouper face à une attaque groupée, s'étirer face à une attaque déployée, occuper la profondeur face aux mouvements de JAP.

En attaque, provoquer une faiblesse à exploiter c’est fixer la défense : l’obliger à se regrouper pour ensuite la contourner, ou l’obliger à s’étirer pour ensuite la contourner.

 

Le thème niveau par niveau :

Niv 1 cycle 1 : espace de jeu organisé autour de l'axe profond

Niv 2 cycle 2 : toujours axe profond mais découverte du contournement

Niv 2 cycle 3 : axe profond et augmentation de la profondeur

Niv 3 cycle 4 : espace organisé autour de l'axe latéral (JD)

Niv 3 cycle 5 : espace à 2 dimensions (prof/lat). Découverte du 3ème axe.

 

Situations d'apprentissage :

Sur quels paramètres de l'espace intervenir pour orienter l'activité des élèves :

Réduire la largeur (à effectif constant) favorise les mouvements de JG. Augmenter la largeur favorise les mouvements de jeu déployé. Réduire la profondeur facilite l'accès à la cible, augmenter la profondeur favorise des mouvements à plusieurs temps de jeu successifs.

 

L'enseignant peut définir des zones où la forme de jeu est contrainte (par ex. JG dans le couloir central).

Utiliser les espace de jeu suppose de développer la capacité à lire le placement et le déplacement adverse : on pourra imposer le placement défensif  pour demander à l'attaque de proposer un mouvement de jeu adapté.